On doit impulser cette égalité, la promouvoir, pour le bien de toute l’humanité.
Chaque année, la Journée internationale des droits des femmes résonne comme un puissant rappel : celui de la lutte pour l’égalité des droits et du respect de tous, pour ne pas dire des femmes.
Mais cette journée ne doit pas être perçue comme une remise en question de nos traditions. Il ne s’agit pas de briser ce qui constitue notre identité collective. Au contraire, c’est une invitation à réfléchir à la manière dont nous pouvons nous adapter à un monde en mutation, un monde où certains équilibres ont déjà été rompus et cela dans la structure familiale comme au travail. On doit impulser cette égalité, la promouvoir, pour le bien de toute l’humanité. Dans cet article je vais m’axer sur les violences faites aux femmes dans le monde professionnel.
Du harcèlement classique…
Si les débats sur le harcèlement en milieu professionnel ont pris de l’ampleur ces dernières années, il reste une forme particulièrement pernicieuse qui mérite une attention accrue.
Mais parlons d’abord du harcèlement professionnel le plus courant.
Je ne parlerai pas ici des gestes déplacés ou des comportements insistants qui relèvent de la drague lourde. Je ne parle pas d’amants.
Mais déjà du harcèlement où on vous tend d’une main une opportunité d’avancement ou une promesse d’accès à des ressources, tout en vous glissant de l’autre une proposition sexuelle.
Ce type de harcèlement est une atteinte directe à la dignité et à l’intégrité des femmes.
Il place les victimes face à des choix injustes, où leurs décisions personnelles et leur vie intime sont exploitées pour conditionner leur avenir professionnel. C’est un fardeau que les femmes subissent bien plus fréquemment que les hommes, et qui freine leur progression dans des environnements où elles doivent déjà faire face à de nombreux obstacles.
Ce phénomène va bien au-delà des actes individuels : il installe un système toxique où certaines personnes, en quête de pouvoir ou d’avancement, choisissent d’instrumentaliser les relations personnelles comme un raccourci vers leurs objectifs.
Ce système est destructeur pour les femmes.
Il nourrit des stéréotypes dévalorisants et donne du crédit à l’idée que les femmes ne peuvent atteindre certains postes qu’au prix d’un compromis personnel. Cela discrédite injustement celles qui ont travaillé dur pour progresser.
A une forme insidieuse décrédibilisant toutes les femmes.
La chosification de la femme ne se limite pas à une atteinte à sa dignité : elle devient une arme redoutable pour décrédibiliser toutes les femmes, même celles qui n’ont rien à se reprocher.
Je me souviens encore de ma nomination en 2019. À peine arrivée, un message circulait déjà, affirmant qu’une jeune femme de 28 ans avait obtenu son poste grâce à une relation intime avec un supérieur. L’accusation était floue, N+1? N+2? En tout cas le doute était semé.
Personne n’a parlé de mon parcours. Personne n’a rappelé que j’avais toujours eu de bons résultats, que j’étais reconnue comme une élève brillante dès le lycée, que j’avais obtenu mon bac et mon master avec mention. Personne n’a souligné que mes efforts, constants depuis la maternelle, avaient été les véritables moteurs de ma réussite. Le mal était fait. Hélas pour les femmes, c’est tellement courant au Gabon et ailleurs.
C’est là tout le problème : les hommes sont valorisés pour leur mérite, tandis que les femmes sont trop souvent réduites à ce qu’elles représentent.
Ces rumeurs, ces raccourcis injustes, ne salissent pas seulement une personne : elles fragilisent toutes les femmes. Elles jettent le doute sur leurs compétences, même lorsqu’elles ont construit leur parcours avec sérieux et persévérance.
Il est temps de rompre avec ce système. Les choix personnels ne devraient jamais influencer les opportunités professionnelles.
Au-delà de la fausseté des accusations, cet épisode illustre une réalité préoccupante : dès qu’une femme obtient une position stratégique, son mérite est souvent remis en cause, comme si sa réussite ne pouvait s’expliquer que par des compromis personnels. Ce type de rumeur fragilise la confiance des équipes et brouille les repères en matière d’exigence professionnelle.
Proposer des solutions concrètes
La sensibilisation seule ne suffit pas. Il est essentiel de renforcer les mécanismes de protection afin que chacun puisse évoluer dans un cadre professionnel sain et respectueux.
Parmi les actions possibles :
- La mise en place d’un numéro vert, permettant à toute personne confrontée à une situation injuste d’être accompagnée et entendue ou de faire de la délation sur des prétendus cas.
- La création de protocoles internes clairs, garantissant que chaque signalement soit pris en compte avec sérieux et impartialité.
- Le développement de programmes de formation sur les effets des violences faites aux femmes, afin que les responsables hiérarchiques et les équipes soient mieux outillés pour prévenir ces situations.
Ces solutions visent à offrir à chacun les moyens de travailler en toute sérénité, sans craindre que des considérations personnelles ou intimes n’influencent leurs opportunités professionnelles.