


C’était en 2023. À l’époque, j’étais directrice de la communication de l’ANPN et cette journée reste gravée dans ma mémoire par le challenge qu’elle présageait.
Tout a commencé par un appel de mon collègue : “Viens vite à l’Assemblée Nationale.” Son ton pressant m’a surprise, mais j’ai écourtée l’audience en cours, pris mes affaires et je suis partie sans trop poser de questions. Arrivée sur place, je le retrouve dans le hall. D’un air inquiet mais enthousiaste, il m’explique : “Ils veulent qu’en entrant dans le hall, les visiteurs aient l’impression de plonger au cœur de la forêt gabonaise.”
L’idée était audacieuse, et rien était clair, tout était à faire. Avec une liberté créative qui ne devait toutefois pas me faire excéder le budget alloué. Pas question d’amener les “géants de la forêt”, mais nous devions recréer l’atmosphère en utilisant des éléments forts.
À l’entrée, nous avons installé une hutte en feuilles d’amarantacées comme celle construite par les peuples autochtones toujours appelé pygmées au Gabon et un Moukoukwé (issu rite de dans des masque du Gabon), symboles traditionnels qui nous ramenaient au village. Une immense image de la forêt couvrait l’entrée,tandis qu’un pont de lianes surplombait un ruisseau artificiel dès qu’on pénètrait dans l’assemblé nationale. Autour, des pépinières qui nous avionsmise en terre pour l’occasion présentaient les arbres emblématiques du Gabon, accompagnées de panneaux expliquant les connaissances scientifiques et traditionnelles associées. Pour renforcer l’immersion, nous avons ajouté des représentations grandeur nature d’un éléphant et d’un gorille… et, à la surprise générale, du haut du balcon, une panthère.
Un peu plus loin, nous avons construit un campement où les participants à la conférence pouvaient s’installer et contempler, lieu de discussion et de convivialité avec des panneaux présentant une vue d’ensemble de la biodiversité gabonaise.
Le projet fut un véritable tour de force. Validé seulement 4 jours plus tôt, il était pourtant prêt à temps, à la veille de l’événement. Et ce dans un contexte où j’étais responsable de la communication du One Forest Youth Initiative, et mon livre ” Discovering Gabon’s National Parsk” était distribué au One forest Summit où le One Forest Youth Forum avait par ailleurs des interventions. C’était compliqué. Un beau challenge qui soulignait ma capacité à être un peu partout. Mais jongler toute la journée entre l’assemblée national ou l’ANPN avait par ailleurs un stand, et le One Forest Youth forum, c’était épuisant.Je remercie d’tout ceux qui ont eux un tel niveau de confiance pour l’ensemble de ces activités.
Mais ce qui m’a le plus marquée, c’est que cette exposition prévue pour durer une dizaine de jours a finalement été prolongée. Certains parents avaient même amené leurs enfants pour leur faire découvrir cette forêt reconstituée.Les plantes ne supportaient pas bien l’intérieur et devaient être déplacées dehors. L’expo initialement prévue pour quelques jour a finalement mis environ deux semaines si je ne m’abuse.
Moins d’un mois avant mon départ pour le Congo, donc moins d’un an après j’ai été contactée par l’assemblée nationale de la transition pour renouveler les visuels sur les baies vitrées et envisager des éléments plus durables, capables de prolonger cette immersion unique. Mais je partais…
Cette expérience m’a permis de mobiliser des compétences en gestion de projet en mode sprint, impliquant une coordination interdisciplinaire et une gestion agile de l’équipe. J’ai travaillé avec un scénographe, un imprimeur, un paysagiste et j’ai piloté l’infographie avec l’un de mes collaborateurs. Cette synergie a été la clé du succès de ce projet hors du commun. Déjà il n’a pas été aisé d’obtenir que les équipes puissent rester tard la nuit mais en plus cela a été chaud d’avoir le OK pour mettre de la terre dans le hall de l’assemblée nationale.
Cela illustre parfaitement comment la collaboration, la créativité et la passion peuvent transformer une idée en une expérience inoubliable. L’engouement du public a été immense : des visiteurs fascinés prenaient le temps d’explorer chaque détail, certains parents revenant même avec leurs enfants pour partager cette expérience unique. De selfies en selfies. Voir les plus jeunes s’émerveiller devant la richesse de la forêt gabonaise a donné tout son sens à ce projet. Une immersion dans la forêt gabonaise, au cœur même de l’Assemblée Nationale.